Nous, collectifs et associations de réduction des risques (RdR) et de prévention des violences
sexistes et sexuelles (VSS) en milieu festif, unissons nos voix pour défendre une approche
féministe et systémique des violences.
Les violences sexistes et sexuelles sont ancrées dans des rapports de genre oppressifs. Sans
cette analyse, les actions risquent d’être inadaptées ou contre-productives. Nous souhaitons
offrir aux organisateur·ices d’événements festifs des repères pour construire des dispositifs
efficaces, et clarifier certaines confusions fréquentes sur nos missions et besoins.
Note sur la spécificité de nos métiers en milieu festif
Associations de réduction des risques : elles agissent pour la santé des participant·es en
promouvant des pratiques festives plus sûres, notamment concernant la consommation de substances.
Associations de prévention des violences sexistes et sexuelles : elles sensibilisent,
préviennent et interviennent pour garantir des espaces festifs sûrs et respectueux.
Bien que complémentaires, ces deux champs d’action ont des objectifs distincts. Il est
crucial de valoriser chacune de ces expertises sans les confondre.
Les dispositifs de RdR et de prévention des VSS ne remplacent pas non plus les agents de
sécurité ou les secouristes. Leur collaboration est essentielle pour garantir la sécurité globale des événements.
Quatre revendications pour 2025
- Prévenir en interne. Traitons les violences en interne dans les organisations festives : Les
structures organisatrices doivent développer des protocoles adaptés à leurs valeurs et
pratiques, et intégrer la prévention des VSS dans leurs politiques internes. Cela inclut la
sensibilisation des équipes permanentes et des responsables, ainsi que la création de
postes dédiés. - Personnaliser son dispositif : Ne nous contentons pas d’outils standardisés en guise de protocoles : Un protocole efficace ne peut pas être “clé en main”. Il nécessite un travail approfondi et sur mesure, accompagné par des associations expertes.
- Structurer nos métiers : Encadrons mieux la profession : La prévention des VSS et la RdR nécessitent des professionnel·les formé·es, et non des bénévoles ponctuels sans expertise. Les organisateur·ices et pouvoirs publics doivent débloquer des fonds pour garantir des interventions de qualité.
- Focus soumission chimique : Déconstruisons les idées reçues sur la soumission chimique : La soumission chimique est souvent associée au GHB, pourtant la dernière étude de l’ANSM (2022) montre que cette substance n’était impliquée que dans 10,9% des situations. Les produits les plus utilisés sont en réalité des médicaments psychoactifs (anxiolytiques, antidépresseurs, antihistaminiques). Une prévention efficace doit dépasser le focus sur le GHB et recentrer la responsabilité sur les auteur·ices des violences.
Des produits comme les capotes de verre ou les tests colorimétriques sont inefficaces et renforcent la responsabilisation des victimes. Ces outils, souvent conçus par des start-ups déconnectées des réalités, capitalisent sur nos luttes. Nous dénonçons cette marchandisation des violences : nos corps et notre sécurité ne sont pas des produits commerciaux.
Pour conclure
Organisateur·ices d’événements, engagez-vous à intégrer des dispositifs de prévention ambitieux et adaptés à vos valeurs. Politiques publiques, débloquez des financements pour soutenir ces actions essentielles et garantir une rémunération juste des expert·es. La lutte contre les VSS et la RdR doit s’appuyer sur des expertises solides, une reconnaissance des besoins matériels et humains et une volonté commune de transformer nos espaces festifs.
Signataires
Consentis https://www.consentis.info/
Les Catherinettes https://www.lescatherinettes.com/
Les Impudent·es https://www.instagram.com/lesimpudent.es/
Nous Toutes Brest @noustoutesbrest
Stourm https://www.lecollectifdesfestivals.org/collectif/stourm/
Espace Femmes (Association Steredenn) @espace_femmes_dinan
Le Planning familial 22 @leplanningfamilial22
Le Planning familial 35 @leplanningfamilial35