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Le dispositif de lutte contre les VSS au Festival de Cinéma de Douarnenez

Au festival de cinéma de Douarnenez, c’est le fait d’être confronté à des situations de violence sans savoir comment réagir qui a mis en lumière la nécessité de discuter collectivement de cet enjeu, et d’être accompagné·es.

Une commission a été constituée afin de réfléchir aux actions pouvant être mises en œuvre dans le cadre du festival pour prévenir les violences et y réagir lorsqu’elles ont lieu.

Ce travail a été entamé par la rédaction d’une charte, propre au festival, qui met en avant les valeurs qui en font l’adn et met en lumière différentes formes de violences qui peuvent avoir lieu sur le festival[1]. La charte a été diffusée assez largement et a constitué un bon support de discussion et de pédagogie, notamment avec les habitué·es du festival.

C’est finalement un groupe de travail comprenant des bénévoles et membres du Planning familial qui a pris le relais pour construire un dispositif de terrain sur l’édition 2022. Les bénévoles se sont emparé·es du sujet et ont été force de proposition sur la mise en place du stand et de l’Abri (espace d’accueil sur le festival).

Deux sessions de formations ont été organisées, animées par l’association Consentis :

  • Une session pour les salarié·es, une partie des membres du Conseil d’administration, des bénévoles et des membres du Planning Familial de Douarnenez (association qui allait coordonner le stand de prévention et la safe zone). La formation a permis de clarifier ce que l’on entend par violences, et souligner qu’elles soient punies par la loi, ce qui est rassurant en tant qu’organisateur·ices et permet de légitimer l’intervention.
  • Une deuxième session, à l’origine prévue à destination des équipes de bar, mais finalement suivie de manière éparse par certains responsables de pôle.


La transmission interne des informations relative aux VSS a été réalisée par mail, avec explication de la démarche et envoi de la charte et du flyer Consentis. Toutes les informations étaient également intégrées au livret bénévole. Les bénévoles bars ont été briefés.

Le dispositif était principalement articulé autour de l’Abri, espace de prévention et d’accueil des potentielles victimes gérées par le Planning Familial de Douarnenez. Les bénévoles étaient très impliqué·es et autonomes. Iels se sont approprié le dispositif et ont largement contribué à sa construction notamment grâce à des expérience antérieures.

En raison du faible nombre de bénévoles, il n’était pas possible de maintenir le dispositif sur toute la durée du festival. Pendant les quatre jours de concert, les bénévoles étaient organisé·es en équipes de 4, avec 2 personnes au stand et 2 personnes se déplaçant sur le site, équipé·es de gilets « brigade anti-relous », pour assurer une présence de 18h à 2h.

Les maraudes permettaient de susciter la curiosité des festivalier·es et de faire de la pédagogie. En cas de situation identifiée, les bénévoles avaient pour consigne de ramener la victime vers l’Abri.

La marche à suivre en cas de violence est néanmoins resté assez floue et n’a pas été formalisé. Concrètement, les membres de la commission VSS étaient les interlocuteur·ices prioritaires. Le protocole reposait principalement sur une implication importante de la régie générale qui était référente, notamment pour intervenir et faire de la médiation ou exclure les agresseurs identifiés. L’objectif était de décharger au plus vite les bénévoles à qui l’on a signalé des violences ou qui étaient témoins. Pour les équipes bar par exemple, la consigne était donnée de ne pas servir une personne qui dérange. 

Points de vigilance et d’amélioration

  • Former en amont l’ensemble des équipes et responsables bénévoles.

  • Améliorer la transmission auprès des équipes (notamment des bénévoles), qui n’a pas été suffisante, avec des protocoles trop peu formalisés.

  • Il a été difficile de construire un protocole effectif. En pratique, sur l’espace concert il est impossible d’exclure définitivement les agresseurs identifiés car il n’y a pas de réel contrôle à l’entrée. Pour les autres espaces du festival (les espaces de projection notamment), aucun protocole spécifique n’a été mis en place.

  • Un manque de bénévoles dédiés sur la prévention des VSS, malgré une prise de contact auprès des réseaux féministes locaux. En raison du manque de bénévoles, les horaires du stand ont dû être aménagés et il n’y a pas eu de présence sur tout le temps du festival, mais seulement pendant les 4 jours de concert.

Informations recueillies lors d’un échange avec Charlotte Clergeau, anciennement coordinatrice logistique et bénévolat au Festival de cinéma de Douarnenez.

Contact : Christian Ryo, directeur du festival / christian@festival-douarnenez.com